Citez moi un exemple générique de gros con. A cette proposition pour le moins directe, de nombreuses réponses agitent directement nos neurones: les footballeurs, les chasseurs, les conservateurs,... Et c'est normal vu qu'en cette fin de siècle dénuée de sens, c'est pas les gros cons qui manquent. Pourtant, il restait encore une "race" que La Décharge n'avait pas étudiée de plus près. Pour les grands distraits qui n'auraient pas encore lu le titre de ce charmant article, il s'agit bien sur des militaires. Consécration suprême, depuis peu en Belgique les militaires sont tous militaires de carrières. Plus de service militaire qui, même s'il avait de nombreuses raisons pour pousser les bidasses en herbe à se faire réformer, était garant d'un certains équilibre dans l'armée. Ben oui, y'avait toujours les bons civils déconnants, emmerdeurs et pas foutu de tenir un fusil pour tempérer l'ardeur des gradés excités. Tandis que maintenant, on peut considérer que l'armée est devenu cet univers clos où professionnel autistes se côtoient sans jamais avoir l'occasion de se remettre en question. On leur file des crédits pour s'acheter leur matos, quelques vagues conseils et on les laisse se démerder entre eux. Charmant.

J'ai un gros casque, mais c'est pour cacher ma p'tite tête.

L'armée belge a besoin de types comme toi!

Car il faut bien admettre qu'une bonne partie de nos bon vieux militaires ont de sérieux problèmes. Entre les incompétents flagrants et les Rambo sans muselière, l'armée c'est loin d'être triste. Une mauvaise langue me souffle que "déjà, pour vouloir être militaire, à la base faut avoir un certain problème". Tsss, ne généralisons pas. Enfin, pas trop (parce que si on peut même plus un peu généraliser, les articles de La Décharge vont devenir aussi pénibles que ceux du Reader Digest). Pas besoin d'être idéaliste pour admettre qu'il y a forcément quelques personnes sensées dissimulées dans l'armée belge. Mais le problème, c'est qu'elles sont aussi nombreuses que les lecteurs fidèles de la Décharge. Et ça fait pas grand monde pour ceux qui n'auraient pas suivi... Le bidasse moyen est donc souvent un crétin fini, utilisant en permanence son cerveau au rendement minimum ("grooooah, ça fait perdre du temps de réfléchir") et avec une mentalité en face de laquelle même le routier le plus limité du monde a l'air du génie. Il est dans monde clos, qui se suffit à lui-même, où les valeurs qui ont le plus de succès sont patrie, honneur, virilité, arrogance et bestialité pure. Néanmoins, ébranlez un peu l'esprit de groupe ou la hiérarchie absurde et voici notre bidasse complètement démuni. Car tout ce qu'il admire ou qui lui donne l'impression d'exister n'a presque aucune importance dans le monde "réel", c'est un vrai autiste. Alors on se rassure comme on peut, entre frères d'armes on se raconte des légendes comme celle de ce para qui était un super pro dans la jungle, son vrai milieu mais qui se sentait mal dans un supermarché où il n'avait pas sa place. Le genre de mec qui désarme son boucher par réflexe parce qu'il coupe un morceau de viande. Un héros pour notre bidasse... un gentil allumé ou un sujet bidonnant pour le reste de la population.

Mais plus encore, ce qui caractérise un vaillant soldat, c'est son manque de personnalité. Pas étonnant, c'est le principe même de l'armée: tous pareils, c'est plus efficaces. Une bonne base militaire se résume ainsi à un ensemble de 1000 gros cons habillés de la même façon (élégante tenue de camouflage), coiffés de la même façon (style boule de bowling), parlants de la même façon ("Mes respects général!"), bouffants, dormants, criants au même heures (à 30 secondes près) et obéissants au même règlement ridicule (allez, en avant pour 5 Km). Le pied. Bidasse, c'est tout à fait le job à la portée du premier chômeur venu. Un job dégradant, lisse et sans avenir. Car en plus on ne développera pas vraiment votre esprit d'initiative. C'est le chef qui l'a dit, ferme ta gueule et exécute sinon t'iras récurer les chiottes.

Mais pourquoi donc entretient-on alors cette armée déglinguée? Soyons réaliste: en cas d'invasion belge ce ne sont pas nos 3 tanks datants de la 1ère guerre mondiale et nos 15 hélicoptères Agusta qui sauveront la mise. Comme les deux autres fois, on tiendra quelques jours pour le sport puis capitulation en bonne et due forme. Oula, un ancien combattant hurle après l'honneur. Ok, ok, ok. Certes. Mais de toutes façons, la probabilité d'une guerre qui toucherait notre royaume reste quand même très faible (ou alors on se la fera entre nous mais c'est une autre histoire, cette fois plus probable). Puis, pour avoir un quelconque effet dissuasif il faudrait d'abord que l'armée belge jouisse d'un budget conséquent. Ce n'est (heureusement?) pas le cas. Bref, ce n'est pas dans l'efficacité "pure" qu'il faut chercher son rôle...

Alors là, bravo les Rambos...

Les défilés nationaux et autres meetings, voilà une manifestation bien visible de l'armée. On nous dit que ça exalte la fierté nationale (mmm, peut être que l'armée est encore la seule chose qui unit flamands et wallons) et par la même occasion on voit où va notre argent (dans tout ce matos pourris qu'il faut rénover à longueur d'années). Mais qui est capable de prendre son pied lors d'un meeting?! Dans le meilleur des cas, une minorité de cinglés qui trouvent excitant l'idée que cet avion tournant dans tous les sens peut leur tomber sur la tronche d'un instant à l'autre. Dès lors, une armée dont la fonction principale est de faire des démonstrations, c'est bien gentil, mais on a déjà le cirque pour moins chers.

Le film culte.

Toujours à la recherche de prétextes pour justifier la gloire de l'armée, on pourrait aussi citer l'humanitaire. Mais alors c'est nos rambos qui râlent. Ils déchirent leurs beaux bérets et hurlent que l'ONU ne leur laisse pas assez vider de chargeurs. Pffft, scandaleux. Et on leur interdit même de rôtir du Somalien. Vous imaginez? Soyons heureux qu'on les laisse quand même se mesurer aux rebelles Zaïrois lors de l'envoi de vivre, sinon on serait au bord de la mutinerie... Donc, les soldats c'est un peu comme ces petits vieux qui ont perdu toute raison de vivre. On leur verse leurs maigres allocations, ils ne veulent rien d'autres et se content de râler sur le monde qui les entoure (les jeunes, les hippies et tous ces sales gauchistes) tout en refusant de mettre le pied hors de leur caserne (sûrement le dernier bastion de la dignité humaine). On ne s'étonnera dès lors pas de trouver parmi eux une proportion non négligeable de brave fachos. Tout concorde...

En cliquant ici, je certifie que je veux me ravager le cerveau en lisant d'autres articles de la décharge.

Dernières modifications : 20 Août 1998