Non, cette bonne femme fait partie du patrimoine français et ce serait un sacrilège de l'éliminer. En plus, elle se plaît bien dans sa maison de repos, la p’tite Jeanne. Elle a plein d’amies pour passer le temps. Evidemment, question communication, elle est limitée. A 121 ans, elle n’est plus en pleine possession de toutes ses facultés. Néanmoins, elle arrive à se faire comprendre. Quand elle se gratte le cul (enfin, ce qu’il en reste), c’est qu’elle a besoin de chier. Quand ça pue, c’est qu’elle vient de chier. Et quand elle se tape la tête contre le mur, cela signifie... ben... on en sait rien.

Le problème que je tiens à aborder n’est évidemment pas Jeanne Calment en elle-même, mais la façon dont la société se comporte avec elle. Parce qu’avant tout, Jeanne est un objet de marketing. Et oui, on fait de fric avec tout, même avec une petite vieille aveugle, sourde et quasiment muette. Après, le disque Jean Calment — un morceau dance inaudible ponctué de quelques braillements —, qu’est ce qui va nous tomber dessus ? Le sonotone Jeanne Calment ? La poupée gonflable Jeanne Calment équipé du stérilet d’époque en laine de brebis ? Pire: va-t-on se remettre à imprimer un livre de cul en noire et blanc publié pour la première fois en 1896 dans lequel on peut voir notre Jeanne se livrer à de torrides ébats avec un gentleman au béret bien ajusté ?

Je dis STOP ! Ras-la-touffe du phénomène Jeanne Calment ! Dans son hosto, le cul dans sa chaise roulante, cette petite vieille n’emmerde personne. Alors, foutons-lui la paix et souhaitons-lui de vivre encore 200 ans.

Pour finir, une question me brûle le groin: quand il fait nuit et que Jeanne dort à poings fermés, son toubib n’a-t-il jamais essayé de s’approcher du lit, de soulever la chemise de nuit de Jeanne et de lui ramoner le pot d’échappement, histoire de savoir l’effet que ça fait de se taper la doyenne de l’ humanité ? Je suis sûr que vous êtes persuadé que ça ne lui est jamais passé par la tête. Et si vous vous trompiez ? Il existe bien des pédophiles, alors pourquoi pas des centenairophiles ?

Je vous laisse méditer sur cette réflexion hautement philosophique. Quant à moi, j’ai juste le temps de me rouler un joint et de sniffer une ligne avant de regagner la porcherie. C’est bientôt l’heure de la saillie et le verra est déjà très excité. Je l’entends donner de gros coups de tête contre la porte de son box. Ça promet d’être chaud. Il va m’en mettre partout...

En cliquant ici, je certifie que je veux me ravager le cerveau en lisant d'autres articles de la décharge.

Dernières modifications : 21 juillet 1996