Quelques exemples connus...

Quelques autres encore...

Celles-ci ne sont pas dans toutes les poches, c'est vrai.

Non je ne vous parlerai pas de votre conjoint(e) - je n'aurais pas posé cette question dans ce cas... - mais des cartes de fidélité des magasins et grandes surfaces. Tout le monde le sait, notre époque est celle du fichage informatique. On nous bassine avec la fameuse loi de 1993 sur la protection de la vie privée mais il faut sans cesse remplir des formulaires, des questionnaires avec un tas de renseignements tous plus ou moins personnels (plus que moins d'ailleurs). Vous avez acheté une pâtée pour chat ? Vous avez droit à une carte de fidélité donnant elle-même droit à des réductions sur les produits de la marque à condition que - outre des renseignements sur minou - vous donniez aussi, mademoiselle, votre tour de poitrine, votre téléphone privé en cochant bien les cases marquées " célibataire " et " jolie ". Non bien sûr, ce n'est pas le cas partout ! Mais enfin, il faut savoir que les renseignements que vous fournissez à telle ou telle entreprise, peuvent servir à faire des statistiques sur vos habitudes. Imaginez que l'on relie un jour ces fichiers avec ceux du registre de la population, ceux de votre mutuelle, ceux de votre banque, de vos assurances et de votre employeur ! Oufti, voilà qu'on sait à quelle heure vous êtes né(e) et ce que vous avez fait depuis ce moment-là, heure par heure, minute par minute !

Imaginons une journée simple et routinière (je sais, je sais, on l'a déjà fait avant moi, mais je m'en tap... fou, y m'plait d'enfoncer l'clou). Vous vous levez (peu importe le pied utilisé), et vous déjeunez (ou pas). Vous prenez le chemin du boulot (ou du bureau de p... enfin vous savez) et là... sur la route, des caméras surveillent le trafic. Coucou madame Susburne, bonjour monsieur Gradubid, souriez, on vous filme. Ca c'est à tous les ponts, à tous les carrefours et à toutes les entrées et sorties d'autoroute. Pour peu que vous ayez un parking, vous y entrez, rebonjour madame... bon vous avez compris. Caméra de surveillance. Seulement pour les vandales, pas pour les honnêtes gens, nooon ! Vous allez vite au selfbankingpostomatgirovisacash chercher des sous-sous pour le sandwich de midi et... Crac, pan dans la banane, votre banquier (l'ordinateur central - Big Brother) vous clinche votre carte, écrit vite vite dans ses mémoires son numéro, la date, l'heure, le montant du retrait et hop, recrache votre morceau de plastic après un " even geduld " machinal et vous voilà enregistré. La matinée se déroule et soudain, votre estomac vous rappelle qu'il faut le remplir. Le petit commerçant, prévoyant, vous filme dès l'entrée. Faites un joli sourire à la caméra. Vous avalez le truc bourré de charcuteries et de sauces que vous adorez tant, puis vous filez vous faire tirer le portrait parce qu'il vous faut un nouveau passeport pour partir en vacances loin, loin, pour échapper à cette vie d'enfer où les machines vous suivent pas à pas. L'après-midi s'écoule jusqu'à l'heure du retour. Il faut encore manger ce soir et quelques courses s'imposent. Sur le chemin, une petite boutique de disques vous fait de l'œil. Ca fait cent fois que vous passez devant mais cette fois, c'est trop, vous devez y entrer pour acheter le dernier CD de Awa... (prenons un autre exemple), le dernier CD des... enfin peu importe, collez-y le nom que vous voulez ! Mais, avec la carte de fidélité, vous auriez 10% de remise après 10 achats ! Aha. Il faut remplir un machin-chose avec des petites cases à cocher, des bazars à entourer, des n'sakwè à choisir (oui, non, je ne sais pas, etc.) et puis une signature parce que votre carte sera nominative. Et tout ça se retrouve dans les fichiers du magasin, fichiers qui seront naturellement revendus à d'autres ficheurs et ainsi de suite jusqu'à ce que la planète entière sache quel style de musique vous aimez et ce que vous portez comme dessous. Bref, à l'administration communale, un grand nombre de guichetières armées de stylo bille attendent le client (hum...). Elles répètent en cœur leur litanie quotidienne débitée à l'approche dudit client : " c'est pourkwâ ?  Z'avez vot'cart ? " C'est pour un passeport rappelez-vous. Alors là, on vérifie que vous n'avez pas de casier (judiciaire hein, pas de bière), que votre composition de ménage est valable, que votre certificat de domicile est potable et que votre extrait de naissance est bien enregistré. Si avec ça, l'employée ne connaît rien de votre vie, alors je m'appelle Aboul Herouch (au hasard). Y a pas de carte de fidélité (parce qu'à l'administration, on y est fidèle sans ça) et en plus on sait tout de vous puisqu'on vous y appelle même par votre cinquième prénom (pour celles et ceux qui en ont autant). Fichés qu'on est j'vous dis !

Maintenant, nous allons faire quelques achats dans les grandes surfaces. Delhaize, j'y rentre à l'aise avec ma carte Plus. Match, j'y vais avec du cash (une exception) parce qu'il n'y pas de carte de client fidèle (peut-être ne le sont-ils pas ?). Colruyt j'y rentre à l'œil (de caméra) muni de ma Publicarte à prix rouge. Cora, je n'y vais pas mais il y a une carte. Brico, les prix sont marteau et la carte vaut 10% quand vous l'avez payée (un comble). GB, j'y rentre gagnant mais j'en sort perdant malgré la carte Avantage. Sarma, c'était une star qui s'éclipsa. Il y avait une carte. On peut encore visiter beaucoup de crémeries comme ça et à chaque fois, un petit formulaire doit être rempli. Ainsi, on sait que Gradubid bouffe des chips Kellogg's, boit de la bière Pepsi, fume des pailles Derby, s'essuie avec du papier Mars et se lave avec du savon Whiskas. Susburne, elle, achète des dessous chics à prix choc, du rouge à lèvres Signal au fluor et se parfume au Monsieur Propre fraîcheur cascade. Quant à Tobby et Poussy, ils mangent des pâtées Cécémel et font leurs besoins dans le gravier Liebig. Les enfants ? Ils consomment des couches-culottes Gervais et mangent des petits pots Glorix (hem... ce n'est qu'un exemple). Oui, oui, vous riez mais tout cela - et bien plus encore - c'est la vérité : vous êtes réellement fichés. Vos habitudes vous trahissent et, quand les cartes de fidélité sont couplées à une carte de paiement, les liaisons entre les achats, vos moyens et vos dépenses, sont faciles à faire. Après vous avoir analysé sous toutes les coutures (SuperConfex), on vous envoie des publicités, des bons d'achats et des tas de trucs pour vous inciter à consommer encore plus. On se refile votre numéro de téléphone et Cuir N°1 vous appelle pour vous dire que vous êtes tirés au sort parmi des millions d'autres pour gagner le droit d'acheter un divan en peau de vache avec une belle remise et un super crédit.