Ben alors...
Dis papy, pourquoi on peut pas parler comme on veut?
 

La technologie made in America arrive (enfin?) dans ce continent conservateur qu'est notre bonne vieille Europe où les braves Gaulois livrent encore bataille contre les terribles Vikings venu du froid. Papy franchouillard n'aime pas beaucoup ces nouveautés fraîchement importées, normal, il n'y pige que dalle. Il décide alors de modifier, de "traduire" l'hostile jargon associé à cette technologie et d'une certaine façon de tenter de se l'approprier... 

Ainsi un "processor" deviendra un "processeur" et le "desktop" de ton Windows 95 se verra appelé "bureau". Il s'aggit donc là d'une traduction tout ce qu'il y a de plus classique, conservant le sens originel du mot. Tout le monde est content.
Ton "provider" deviendra ton "fournisseur d'accès" ou ton "prestataire", le choix t'es laissé... Mais là ou le bas blesse c'est quand il s'agit de traduire des mots, des expressions bien spécifiques.
Prenons l'exemple du "browser" venant de l'anglais "to browse" signifiant "bouquiner": nos chers amateurs de la langue française le traduisent par "butineur", ce qui pourrait  te faire rire de prime abord... mais tes rires risquent de se transformer bien vite en larmes. Pourquoi pas "lécheur", "bouffeur", ou même "brouteur" tant qu'on y est...

Mais il y a bien pire. Quand papy essaie de traduire une abréviation, il éprouve quelques problèmes.
Prenons l'exemple du "cd-rom", joliment remplacé par le mot "cédérom", qui n'est rien d'autre que son orthographe phonétique. Je te souhaite bien du plaisir pour essayer de retrouver l'abréviation originelle. Le mot est bel et bien vidé de tout sens.
On peut se poser la même question concernant l'"e-mail", abréviation de, tu l'auras deviné, "electronic message", qui s'est récemment transformé en "mél" grâce (?) à la commission générale de terminologie et de néologie installée depuis peu par Juppé. Je dois reconnaître que cette traduction, à première vue bourrine, est peut-être plus subtile qu'elle n'en a l'air. En effet, c'est à la fois la transcription phonétique de "mail" et la traduction littéraire de l'abréviation originelle, "mél" pour "message électronique"... finement joué papy.

Grouiii !!

Il arrive aussi que certains mots, en passant de l'anglais au français, perdent en plus de leur sens, leur origine. L'exemple le plus frappant étant bien entendu le "bug", caractérisant une petite (muff...) erreur qui se glisse dans un programme informatique. L'origine de ce mot est très particulière: aux balbutiements de l'informatique, il arrivait fréquemment que des insectes ("bugs" en anglais) se glissent dans les ordinateurs provoquant des plantages intempestifs. L'usage a voulu que le mot "bug" soit toujours employé à l'heure actuelle pour désigner une erreur dans un programme, avec cette fois un sens plus figuré que propre. La traduction trouvée par nos papys est "bogue". Je te laisse juger par toi-même la qualité de ce mot sortit de je ne sais quel cerveau torturé.

Cependant, s'il est ridicule de vouloir à tout prix "franciser" les mots anglais, ne l'est-ce pas encore plus d'employer vaille que vaille des mots anglais dans le langage courant? Ils ne sont pas rares les pseudo techniciens-informaticiens s'occupant de la maintenance du réseau d'une administration qui parlent de la sorte pour impressionner la secrétaire du bureau. Voici, juste pour le plaisir, un petit extrait d'une discussion entre un de ces "Check un peu mon gros byte" et une secrétaire: 

Je vous laisse imaginer la suite, qui sera certainement à classer au rayon X...

En conclusion, je te dirai que traduire des mots venant de l'anglais ou de toute autre langue en bon vieux francais est nécessaire. Mais comme le dirait Boris Elstine, "L'abus nuit dans tout". Certains mots ou expressions doivent demeurer dans leur langue d'orignie. Et cela, même pour des papys, ne devrait pas être trop difficile a repérer. Ils feraient donc mieux de se préoccuper du sens et de l'origine des mots qu'ils tentent de traduire plutôt que de se poser des question aussi futiles qu' "Ecrire internet ou Internet?" ou encore que "Faut-il parler d'internet ou de l'internet?"...
 


Article pondu par "Super-Grenouille", vos commentaires à mon "mél": SuperFrog@ping.be

En cliquant ici, je certifie que je veux me ravager le cerveau en lisant d'autres articles de la décharge.

Dernières Modifications: 19 juin 1997